Génération victimes de la pub
« T’as vu la dernière robe Maje ? » « Je suis passée devant ce magasin et il y avait ce sac tellement magnifique, j’en dors plus des nuits! » « Il me faut ces salomés Jimmy Choo, quitte à manger des pâtes pendant deux mois! »
Bienvenue dans la tête d’une jeune fille de 20 ans. Que celle qui n’a jamais dit ou pensé une telle phrase me jette sa première ballerine. Du côté de nos homologues masculins, ce n’est guère plus glorieux. « J’avais vu ce polo trop bien chez Ralph Lauren, et un qui lui ressemblait chez Zara. Je savais pas lequel choisir alors j’ai pris les deux. Elle est où ma PSP ? »
Pas étonnant de la part d’une génération bercée aux « Si juva bien, c’est Juvamine! » et autres « Mercurochrome le pansement des héros! », abreuvée de publicités dans ses magazines préférés, nourrie aux échantillons de chewing-gum et de boissons énergétiques dans les rues de sa ville. A 13 ans il fallait porter les dernières baskets à la mode, sous peine de passer pour le dernier des ringards. A 16, c’était le tee-shirt à l’effigie du Che qu’il fallait porter pour avoir un minimum de légitimité au sein de son lycée. A 20, ça n’a pas vraiment changé, sauf que le tee-shirt et les baskets ne suffisent plus. C’est la panoplie totale des marques « in » qu’il faut arborer pour être intégré dans le clan des gens cool et stylés.
Les 15-25 ans sont devenus des consommateurs effrénés, constamment insatisfaits et en quête de nouveauté. Ne nions pas l’évidence. Et que celui qui n’a jamais écouté une chanson en disant « Ha oui, c’est la chanson de la pub Machin! » me jette la télécommande avec laquelle il zappe sur Fashion TV.
On peut donc sans avoir mauvaise conscience affirmer que oui, nous ne sommes que de pauvres victimes de la société de consommation et que si notre armoire est remplie à 75% de choses qu’on ne porte jamais, ce n’est pas notre faute à nous, mais celle des lobbys publicitaires. Alors à notre mère qui fait les gros yeux quand le 12 du mois on lui dit « Tu n’aurais pas un peu de monnaie ? Je sors ce soir… Ben oui je suis à découvert. » et à notre père qui nous assomme de « Moi à ton âge, j’avais 10 francs d’argent de poche. » on répond –presque- sans mauvaise foi « Mais je n’y peux rien, je ne suis qu’une cible marketing ! ».
Vanessa